Millésimes
Découvrez les ressentis et commentaires de nos œnologues au fil des millésimes
2022
Un millésime attendu avec sérénité : malgré l’été qui a commencé au mois de mai, les nouvelles pratiques au vignoble ne semblent pas impacter le rendement. Epamprage mécanique, enherbement sous le rang développé et arrêt du labour dévoilent une nouvelle propreté satisfaisante, où la nature est librement belle.
Suite à la belle sortie de grappe, les raisins bien présents et sains. Ils ont pris petit à petit du volume malgré le manque d’eau. Le stress hydrique et les températures estivales à un stade précoce accélèrent les stades phénologiques, nous imaginions avoir au moins une semaine d’avance sur le début des vendanges.
Les pluies de mi-aout ont permis au raisin de finir son cycle de maturation, et de rafraîchir un peu l’équipe qui n’imaginait pas commencer les vendanges aussi tôt : top départ le vendredi 12 août, la même semaine où une colonie de cigognes est venue faire une halte sur le domaine, avec 10 jours d’avance, elle aussi.
Le soleil est vite revenu pour faire briller notre nouvelle machine à vendanger qui a réjouit l’équipe de chauffeurs. Tous les matins durant les vendanges, nous dégustons les jus. Les cuves en fermentation dévoilent un fruit frais sur les premiers jus vendangés. Malgré l’été chaud, nous n’avons pas de tanins durs et verts comme nous avions eu en 2013, une autre année de canicule. Un millésime atypique, aux vins équilibrés, dont la vendange s’est étalée sur 40 jours.
Les premières cuves en milieu d’extraction dévoilent des tanins soyeux avec une pointe variétale rafraichissantes. Conclusion : un millésime pas si solaire que ça !
2021
2021 restera marquée par ce terrible gel du 8 avril. Cet épisode a été destructeur pour deux raisons : d'abord, il est arrivé tardivement, à un moment où les premiers cépages avaient bougé (chardonnay, grenache, merlot). Puis nous avons fait face à une gelée noire qui, contrairement aux gelées blanches, a véhiculé une température de -5 à -7°C sur de grandes surfaces et pendant plusieurs heures. Les conséquences du gel sont avant tout économiques, la perte de récolte est conséquente : entre 30 à 40 %. Les vignes gelées ont vu refleurir des contre-bourgeons et donner des fruits qui mûrissent en décalage avec les autres.
Après avril, nous avons assisté à un millésime étonnant par la régularité des pluies qui ont accompagné le développement de la vigne. Et nous avons vu du mildiou cette année ! Les premiers contrôles de maturité ont montré des raisins avec une très bonne acidité et de très beaux fruits frais. Nous sommes sur la base d'un millésime du nord !
C'est un "millésime d'œnologue" comme on aime à le dire : une année technique avec des raisins sains, un grand potentiel fruité et des tanins qu'il faudra extraire avec précision. Le retard des vendanges à cause du gel d'avril nous a apporté une très grande hétérogénéité grappes par parcelle. Mais nous avons réussi à vendanger le plus tard possible pour obtenir des vins mûrs, riches et soyeux.
2020
2020 aura bravé des aléas climatiques et sanitaires mais les vignes sont en bonnes santé à ce jour, comme les équipes qui les soigne.
Le printemps humide a donné quelques sueurs froides quand en plein confinement il fallait traiter contre le mildiou. Fort heureusement pour nous, les vignes ont profité de l’eau sans être atteintes par le champignon et les pluies au débourrement ont permis un bon démarrage de la végétation. Ce printemps humide a été salvateur car depuis mi-mai il n’a quasiment pas plu. Le sol et les vignes ont eu le nécessaire pour permettre un bon fonctionnement du sol et donc une bonne nutrition de la plante.
La vigne a bénéficié d’une chaleur assez forte qui a maintenu les 7 à 10 jours d’avances.
Suite à des conditions très favorables au printemps et en été, nous avons constaté une semaine à 10 jours d’avance sur les maturités. Le mois de septembre a été très chaud : jusqu’à 35°C. Cela a conforté ce décalage par rapport aux année précédentes. Record de précocité pour les blancs : lancement de récolte le 19 aout. Tous les cépages ont gardé cette avance.
La vigne n’a eu aucun stress hydrique ce qui s’est soldé par des baies plus grosses que la normale. Les fermentations se passent sans aucun accroc : l’extractibilité est très bonne, la couleur est impressionnante et les tanins sont déjà très fondus. Nos rendements sont supérieurs et malgré cela les vins nous paraissent aussi concentrés que l’année dernière.
2019
L’année de toutes les surprises. Hémisphère Sud et hémisphère Nord font face à des phénomènes sans précédent : il gèle sur les vignobles d’Australie, et des vagues de chaleur grillent les raisins du Sud de la France un mois avant la récolte. Les couloirs de vent chaud se dessinent sur les parcelles vues du ciel, les feuilles grillées dénotent au cœur de la verdure alors que la véraison commence.
L’excitation des vendanges est donc teintée d’un peu de stress. Grêle, gel, et forte chaleur incessante estivale jouent de l’impuissance humaine et technologique. L’accomplissement du travail d’équipe ne sera pas récompensé par la quantité, mais par la qualité : la nature nous offre le meilleur.
Une fois en cave, le millésime 2019 étonne par la fraicheur de son fruit compte tenu des températures élevées constatées en juin. La météo très clémente de l’arrière-saison a permis d’attendre et d’atteindre la maturité optimale. Si on ajoute à cela les petits rendements du millésime, on ne peut qu’admettre que le maitre chai a eu des conditions de vinification idéales. Il a cependant dû être vigilant sur l’extraction, tant le potentiel tannique pouvait être important. Les vins sont solides car construits sur des polyphénols mûrs et stables, cela signifie que la couleur et les tanins sont de grande qualité et que l’on peut parler de garde de 5 à 10 ans pour ce millésime. En effet, les tanins des pellicules n’ont pas été impactés par le stress de chaleur et on peut dire que les vins ne ressemblent pas du tout au célèbre millésime 2003 qui avait été marqué également par un long épisode de canicule.
2018
Le vignoble s’est vu couvert de neige début mars 2018. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu ça : 40cm sont tombés sur la vallée de la Mosson, laissant des traces pendant une semaine. La station météo a comptabilisé 635mm durant l’hiver.
Une fois le printemps arrivé, la chaleur s’est installée. Voilà le retour des bonnes conditions pour que la vigne se sente bien.
Durant le mois de septembre, nous arpentons les vignes pour observer et croquer les pepins de raisin. Quand ils ont perdu leur teinte verte à la vue et leur amertume en bouche, il est alors temps de récolter.
Les vendanges resteront dans nos mémoires : l’équipe a récolté les raisins jour après jour sous un grand soleil, dans des conditions parfaites. Cela se ressentira dans nos vins, le millésime pourrait tutoyer les plus grands du siècle dernier.
2017
Cette année, nous avons été épargnés par le gel. Ceci étant, les rendements sont très bas. La vigne accuse le coup de ces millésimes très secs et le terroir est mis à rude épreuve. Nous avons eu fin juin une dizaine de jours où la température nocturne est restée supérieure à 20°C, fatiguant considérablement la vigne.
On va devoir s’habituer à considérer des cycles de la vigne plus court avec cependant une vraie maturité. Plus que jamais, c’est la maturité phénolique qui nous guide, la maturité optimale se retrouve dans les tanins et les anthocyanes !
2016
Après un hiver très doux, la vigne s’est réveillée. Le printemps est resté plutôt frais et a ralenti le développement de la vigne.
L’élément qui a marqué ce millésime est la faible quantité de précipitations. Nous commençons à entrevoir les effets du dérèglement climatique. Des longues périodes avec peu de pluies face à des phénomènes locaux violents. Ainsi le 17 aout, à 15 km de Montlobre, le Pic Saint Loup était dévasté par un orage de grêle. Fort heureusement chez nous, l’orage est passé à côté : il n’a même pas plu une goutte !
Sur ces conditions extrêmes, la qualité du terroir est primordiale. Le goutte à goutte est très insuffisant pour compenser les déficits hydriques et si la plante est alimentée en eau, c’est bien le sol qui a besoin en totalité de « vivre » pour minéraliser la matière organique et nourrir la vigne.
Nous ne cherchons pas de rendements élevés, la moyenne sur les 20 dernières années est autour de 45Hl/Ha. Cela permet surtout aux raisins produits de pouvoir murir dans ces conditions de sècheresse extrême. Le bon équilibre végétal / Fruit / terres profondes nous a permis de passer ce millésime très sec.
Nous avons observé avec beaucoup de plaisir la très bonne résistance de la vigne et son adaptation à ces conditions sommes toutes idéales pour produire un raisin concentré.
Au final 2016 est une très belle année, plutôt solaire avec du fruit mûr et des épices et une belle concentration. Si ces conditions sont très favorables à la qualité, ce n’est pas le cas pour la quantité. L’équilibre tanin structure est alors important à suivre pour ne pas sur-extraire, il faut aussi garder la fraicheur du fruit, ce qui a été le cas en 2016.
Avant de vous servir un verre, découvrez la Charte de Dégustation Responsable pour vous guider dans cette expérience de plaisir et de partage
La dégustation de vin est une expérience à part qui revêt une dimension toute particulière : elle est un moment de découverte, de partage et de plaisir. Pour bien découvrir ou redécouvrir un vin, il faut être bien préparé, réunir quelques conditions matérielles et bien comprendre ce à quoi nous allons participer !